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Les Guerriers du Soleil Levant
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Histoire Du Shoguna

Je vais tout d'abord traiter de l’histoire du shogunat. Ce système politique et social était intimement lié au samouraï et à l’évolution de celui-ci à travers les époques.

La Période Heian
La période Heian dura environ quatre siècles. Cette période fut marquée par une longue paix; de 794, année où la cours impériale déménagea dans sa nouvelle capitale Heian-Kyô (Kyôto), jusqu’en 1185. Le XIIe siècle marqua le déclin de la puissance des Taira. Le pays tomba alors sous la domination du pouvoir militaire dirigé par Minamoto no Yoritomo et le pouvoir s’établit à Kamakura. Dans la dernière phase de l'époque Heian, du Xe au XIIe siècle, l'ancien système de gouvernement impérial fut presque totalement délaissé. Le gouvernement fut perverti par l'existence de plus en plus importante des zones exemptées de taxes. Le pouvoir fut monopolisé par les membres du clan Fujiwara qui nommèrent des régents successifs entre 868 et 1086. Ils firent disparaître l'accès aux charges de l’État sur des critères qualitatifs et établirent un système de succession par le sang. L’aspect le plus important de cette période est le fait que certains notables provinciaux se mirent à lever leurs propres armées afin de protéger leur pouvoir et leurs biens matériels.
Ayant ainsi un pouvoir de plus en plus grand, ils représentèrent une lourde menace pour les Fujiwara dont l'influence était déclinante. Jusqu'au milieu du XIIe siècle, le Japon traversa une phase d’insécurité. Un gouvernement militaire de type féodal, appelé le Bakufu en Occident, s'établit à Kamakura sous l'autorité du shogun. Ce gouvernement était caractérisé par l’existence des préceptes guerriers érigés par Minamoto.

Période de Kamakura
En 1185, Minamoto Yoritomo déplaça le siège du gouvernement de Kyôto à Kamakura, dans l'est du Japon. Ce déménagement inaugura la période de Kamakura qui dura de 1192 à 1336. En 1191, le Zen fut introduit au Japon et influença grandement la mentalité guerrière des Japonais et par le fait même celle des samouraï. En 1192, l'empereur Go-Toba, par décret impérial, scella l’autorité de Yoritomo en lui décernant le titre de shogun. Ce terme vient de «Sei-i-tai-Shôgun» et signifie gouverneur militaire contre les barbares. Sur la scène politique, apparurent des groupes de guerriers provinciaux dont les chefs n'était pas des aristocrates. Cependant, la noblesse ne fut pas écartée et la paix relative qui régnait à l'époque Kamakura était le résultat d'un compromis entre la noblesse de la cour et les clans guerriers. À la cours de Kyôto, résidaient la noblesse hostile au shogunat et les religieux des grands temples bouddhiques. À Kamakura se trouvaient les guerriers de l'est et du nord du Japon. En 1221, après la défaite de l’armée impériale contre l’armée des Kamakura, le clan Hôjô s’empara du pouvoir et installa son propre shogun. Le règne Hôjô fut marqué par la répression de tout signe de rébellions.

En 1274, les Mongols, ayant conquit la Chine, tentèrent de conquérir le Japon. Les Mongols surprirent les Japonais par leur manière de combattre. Les Mongols ne se battaient pas selon le code d’honneur japonais. Les premiers samouraï qui s’avancèrent en clamant leur nom et en défiant l’ennemi en combat singulier furent massacrés par les flèches des Mongols. L'arc mongol avait une portée de 200 mètres alors que l’arc asymétrique japonais ne couvrait qu'une distance maximum de 100 mètres. De plus, les Mongols avaient l’habitude d’effrayer l’adversaire en utilisant des explosifs et des tambours qui affolaient les chevaux.

Malgré leur domination, les Mongols durent se retirer en raison de la mauvaise température. Les Japonais apprirent de leurs erreurs et se préparèrent à une seconde invasion. Les Mongols revinrent avec deux immenses flottes contenant plus de 150,000 soldats à leur bord. Ce nombre d’adversaires n’impressionna pas les samouraï qui, montés sur de petites barques, abordèrent la flotte de nuit pour y massacrer les occupants. La bataille ragea durant 49 jours. Malgré l’ardeur des miens, les Mongols auraient gagné si un typhon n’avait pas détruit, en deux jours, la quasi totalité de leurs navires. Selon les croyances, ce typhon aurait été envoyé par la déesse Amaterasu pour nous sauver. Mon peuple le nomma d’ailleurs Kamikaze, mot qui signifie vent divin. Malgré la nette supériorité en qualité d’armement des Mongols, nous conservâmes notre foi en nos armes traditionnelles. Ces invasions repoussées provoquèrent toutefois le mécontentement des seigneurs et des samouraï, aucune compensation territoriale ou en argent n'ayant été donnée.

L’époque de Muromachi
La situation de mécontentement mena à l’anarchie. C’est durant la période appelée Muromachi le clan Ashikaga contesta l’autorité impériale. Cette contestation sépara le territoire du Japon entre deux empereurs. L'empereur du nord fut placé par le shogun tandis que celui du sud se considérait comme le seul empereur légitime. L’unité du Japon sembla renaître en 1392, mais la faiblesse du shogunat permis aux grandes familles et aux clans de se livrer des guerres sanglantes, aujourd’hui appelées période du Sengoku ou pays en guerre. Les premiers Occidentaux firent leur apparition au Japon durant cette période tumultueuse. Les Portugais apportèrent avec eux la religion catholique ainsi que certaines innovations technologiques comme les mousquets, qui furent très prisés des Japonais. Les miens se mirent rapidement à fabriquer leur propre mousquets et à les peaufiner tels de véritables objets d’art. La production de mousquets se développa surtout dans les régions centrales du Japon et fut majoritairement contrôlée par Oda Nobunaga, un daimyo redoutable qui tira parti autant des armes à feu que du christianisme.
Irrité par les moines soldats bouddhistes, prenant parti pour certains de ses rivaux, Oda appuya les missionnaires chrétiens dans la propagation de leur foi afin de contrecarrer l’influence bouddhiste.

Le Sengoku
Le Sengoku est la période la plus intense de l’histoire militaire du Japon. Les nombreux daimyo de l'époque, 250 en tout, divisèrent le Japon de par leurs guerres incessantes. D’importants changements occurèrent à cette époque qui influencèrent inévitablement la manière de combattre des samouraï. Ainsi, durant un siècle, il y eu l’introduction de nouvelles armes et le développement de nouvelles tactiques de guerre. Naquirent aussi à cette époque les noms de fameux daimyos. Je pense notamment à Oda Nobunaga, Takeda Shingen, Môri Motonari, Hideyoshi et Tokugawa Ieyasu.
Le perpétuel état de conflit força les daimyos à user d'ingéniosité afin de maximiser leur force militaire et de trouver diverses manières de les soutenir. La gestion du territoire était cruciale à son expansion et au maintien des acquis. Chaque daimyo avait sa propre vision de l’administration et de la gestion de ses terres. Certains chefs imposaient des taxes pouvant grimper jusqu'à 65% des récoltes, mais leurs régions n'avaient pas à fournir d'hommes pour la guerre. D'autres régions étaient tout simplement exemptées de taxes en échanges de futurs soldats. Généralement les daimyos utilisaient des généraux (Taisho) qui étaient en fait les chefs des familles guerrières. En échange des services rendu par leur famille, ceux-ci jouissaient d’une plus grande autonomie. La nécessité d’avoir de plus en plus de soldats fit prendre la décision à certains daimyos d’intégrer des paysans dans leur armée. Mais ces paysans n’avaient pas un bon entraînement et recherchaient plus à amasser un butin qu’à se battre. Malgré tout, leur importance dans les armées alla en augmentant. C’est aussi de cette manière que les premiers bataillons furent constitués pour palier au bas moral des paysans. Un autre apport important aux méthodes de combat fut l’introduction des arquebuses par les Européens. Cette arme augmenta l’efficacité des paysans dans les armées. L'arquebuse avait l’avantage d’être assez précise et demandait moins d’entraînement que l'arc. Les samouraï utilisèrent quelque peu ces armes, mais préférèrent de loin l’usage des armes traditionnelles telles que le sabre et l’arc.
Nobunaga a probablement été celui qui utilisa le mieux ces armes, grâce à la proximité d'une importante manufacture d’arquebuse et à son contrôle sur le port Sakai; port où les Européens venaient lui vendre leurs armes. Les daimyos qui n’avaient pas la même disponibilité d’arme à feu les utilisaient pour disperser les archers et tirer sur les cibles plus prestigieuses: généraux, daimyos et samouraï. Jadis un des symboles des samouraï, la cavalerie fut reléguée au rôle de support en raison de la présence des bataillons de lanciers et la menace des arquebusiers. Les Européens introduisirent aussi les canons, mais les Japonais en firent un usage limité; les utilisant comme arme psychologique créant la peur chez l’adversaire. La période du Sengoku marque donc un profond changement des coutumes guerrières des Japonais.

Les Trois Dictateurs
À la suite des guerres du Sengoku, le Japon fut séparé entre trois puissants chefs de guerre: Oda Nobunaga, Hideyoshi, Tokugawa Ieyasu. Ces trois personnages d’origine modeste marquent un changement important au Japon, où jadis tous les grands personnages provenaient de familles nobles. C’est sous le règne de ces généraux que le Japon fut unifié. Durant une trentaine d’années, les clans qui autrefois se firent la guerre sans relâche se soumirent au pouvoir central. La création d’une flotte japonaise ayant pour but de conquérir la Chine est un autre fait important de cette période. Mais pour se faire, les japonais devaient passer par le territoire coréen. Le roi de Corée refusa le passage des troupes japonaises sur son territoire. Alors Hideyoshi décida d'envahir la Corée. Mais les Chinois vinrent en aide aux Coréens et chassèrent l’envahisseur. Par la suite, une seconde tentative des miens se résuma en un second échec. La première répression dirigée envers les catholiques eu lieu à cette époque. Vingt-cinq d’entre eux furent crucifiés sous l’ordre d’Hideyoshi.

L’époque des Tokugawa
Cette époque débuta en 1639 et se termina en 1867. Durant ces années, le Japon se referma sur lui-même. Les chrétiens, jadis tolérés, furent peu à peu pourchassés puis persécutés. Pendant deux siècles, les shoguns encouragèrent la xénophobie. Tous les occidentaux qui tentèrent de nouer une relation avec le Japon se heurtèrent à une discrimination absolue. Toutefois, cette situation changea en 1854 lorsque le commodore Perry, à la tête d’une forte flotte de 7 navires avec à leur bord 2000 hommes bien équipés d’armes surpassant celles des Japonais, força le shogun à signer un traité d’amitié avec les États-Unis. Le shogun, par cette soumission, se discrédita aux yeux du peuple. De plus, l’infériorité des armes japonaises blessa leur orgueil et les obligea à s’incliner devant cette civilisation barbare. Le Japon abolit rapidement toutes les institutions qui avaient été instaurées durant le shogunat. En 1867 le dernier shogun, Tokugawa Keiki, restitua finalement le pouvoir politique à l’empereur.

Ainsi le pouvoir des daimyos s'estompa et par le fait même les samouraï se retrouvèrent sans emploi. Une bonne partie devint des fonctionnaires militaires. Évidemment, la chute du shogunat apporta le mécontentement des samouraï qui voyaient leurs privilèges s'égrainer. En 1870, les samouraï durent abandonner leur coiffure typique. En 1875, le port du sabre fut interdit et son enseignement défendu. Ces mesures menèrent à la révolte de 42000 samouraï. Le gouvernement mobilisa 60 000 conscrits qui décimèrent la moitié de l’armée des samouraï . Ainsi se termina le règne des shogun et celui des samouraï.

 
© Nicolas Mucci 2002 [ Haut ]