Les Guerriers du Soleil Levant
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La vie du samuraï

Ne devenait pas samouraï qui voulait. Il fallait être noble, c'est-à-dire provenir d'une lignée reconnue. Mais au-delà des simples qualités du sang, il fallait énormément de travail et de dévotion pour devenir un guerrier samouraï. Je vais maintenant vous introduire dans le monde complexe de ces redoutables combattants; mon monde.

Les Signes disctinctifs

Un samouraï se distinguait des autres membres de sa société par de nombreux signes qui lui étaient propres. Chaque habitant du Japon pouvait, d'un seul regard, savoir qu'un homme était un samouraï.

La coiffure

Tout d'abord notre coiffure (Chon-mage), différente de celle du simple paysan, permettait à tous de nous identifier facilement. Cette coiffure consistait à tirer les cheveux, qui se devaient d'être longs, vers l'arrière et à les attacher en une sorte de chignon. Ce chignon ne consistait pas à simplement ramener les cheveux sur la tête comme le faisaient plusieurs femmes, mais bien à les replier en trois segments et à les nouer au sommet du crâne. La coiffure revêtait une telle signifiance, qu'un samouraï banni ou démis de ses fonctions recevait l'ordre de se couper les cheveux. Il apparaissait alors clair comme le soleil de midi que cet homme était désormais un ronin (je reparlerai de ce terme un peu plus tard), son statut déshonorant se transposant alors jusque dans son physique.
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Le Hakama

Cette jupe-culotte n'était pas uniquement le propre des samouraï, mais aussi celui de certaines classes d'élites comme les prêtres shintoïstes. Le hakama est en fait un pantalon très ample comportant cinq plis à l'avant et un grand pli de milieu à l'arrière sur chacune des jambes, pour un total de sept plis symbolisant les sept Kami principaux. En plus d'être un signe de notre rang, le hakama remplissait plusieurs fonctions. La plus importante pour la classe guerrière était la dissimulation des mouvements de pieds lors des combats. La longue jupe dérobait au regard de l'adversaire les esquives, feintes et pivots du combattant. À un niveau élevé de maîtrise de soi, le nœud centré à la taille permettait au samouraï de mieux ressentir la concentration de l'énergie son Hara. Le Hara est le centre énergétique qui se situe à deux doigts au dessous du nombril. Le hakama remplissait aussi un rôle purement esthétique, démontrant la noblesse des classes qui le revêtaient. La couleur du hakama pouvait aussi souligner la hiérarchie, le blanc étant réservé uniquement au fondateur d'une école d'arts martiaux.

L'armure

Cet élément était réservé aux hommes de guerres. Lorsque je parle d'armure, il ne faut pas confondre avec les immenses plaques de métal qui entravaient les mouvements des chevaliers d'Europe. Nos armures étaient beaucoup plus légères que celles des Européens à la même époque, elles ne pesaient pas plus de cinq kilos. Le poids de l'armure des occidentaux était tellement élevé, qu'un chevalier désarçonné, à moins de posséder une force exceptionnelle, n'arrivait plus à se relever. En plus de leur poids minime, elles avaient été conçues afin de restreindre le moins possible la fluidité et la souplesse des mouvements du corps. Beaucoup mieux adaptées à leur porteur, elles étaient un atout manifeste lors du combat corps à corps. Alors qu'en Europe, les armures pouvaient être qualifiées de vulgaires boîtes de métal, en Orient, les armures des samouraï étaient composées de plusieurs lanières de métal reliées entre elles par des fils de soie. Encore une fois, la couleur du tissu attestait de l'affiliation à un clan précis.

Chez les samouraï de haut rang, chaque pièce constituant l'armure était une œuvre d'art. Plus l'armure arborait de fioritures, plus soigneusement elle était travaillée, plus le samouraï qui la portait occupait une place importante au sein de la hiérarchie. De toutes les pièces de l'armure, le casque (Kabuto) était l'élément le plus significatif. Non seulement conférait-il à son porteur une protection non négligeable, un coup à la tête étant le plus souvent mortel, il témoignait aussi du rang et de l'autorité de l'homme à qui il appartenait. Avec le temps, les casques intégrèrent des visières et des cornes, le tout incarnant un visage aux allures démoniaques. Les casques se mirent alors à remplir des fonctions d'intimidation en plus de leur fonction originelle de protection. Encore une fois, plus le masque couvrant le visage du guerrier était richement travaillé, plus le rang de celui qui le portait était élevé.


Le Mon


Le Mon était le blason familial ou l'emblème du clan auquel le samouraï était affilié. L'apparence de celui-ci s'inspirait habituellement de fleurs, plantes, oiseaux ou papillons. Il pouvait apparaître cependant simplement sous la forme de figures géométriques. Tout samouraï portait un Mon peint sur son armure et son casque en temps de guerre ou cousu à ses habits lors des périodes plus calmes. Le blason détenait une place des plus importantes dans la société féodale du Japon car il témoignait du rang et de la lignée de chacun. Le simple samouraï ne possédait que le Mon de sa famille. Les daimyos, chefs de clans, en possédaient deux; celui de la famille et celui du clan. Les chefs les plus gradés acquéraient le droit d'en posséder un troisième, signe d'un haut prestige et d'une lignée d'une grande noblesse. Le Mon représentant un chrysanthème à seize pétales (Kiku-no-go-mon) était réservé à la famille impériale. Le Mon témoignait à lui seul du mérite et de la noblesse de chacun. Cette représentation de l'honneur ainsi affichée aux yeux de tous était une chose capitale à cette époque. Elle permettait à un samouraï de mesurer le prestige qu'il retirerait de la défaite éventuelle de l'adversaire. Tout samouraï se devait de connaître la lignée de celui avec qui il se battait. Le prestige qu'un guerrier retirerait d'un combat était proportionnel à l'honneur du clan de son adversaire ainsi qu'à la renommé personnelle de celui-ci. Les duels permettaient donc aux vainqueurs de rehausser leur propre honneur et celui de leur clan.

Le Daisho

Le Daisho désignait une pair de sabre, composée du katana et du wakizashi. Le katana était le sabre long, tandis que le wakizashi était le sabre court. Les sabres se portaient glissés dans la ceinture, le tranchant vers le haut afin qu'en dégainant, le guerrier livre également une coupe (de préférence mortelle). Cette pair de sabre était réservée uniquement au samouraï. En plus d'être un de leur signe distinctif, les sabres affirmaient leur autorité sur le peuple; seul les nobles ayant le droit au port de la lame, symbole de vie et de mort. Le développement du sabre a toujours suivi l'évolution sociale et culturelle du Japon. Il incarna pour tous les grandes vertus du code guerrier. Il devint le symbole même de la puissance et des hautes vertus humaines (...) .
Malgré toute l'admiration que je voue à la culture chinoise; culture envers laquelle nous sommes extrêmement redevables dans plusieurs domaines, notamment en ce qui a trait à la forge du sabre, je me dois de dire que nos artisans ont largement révolutionné l'art de fabriquer une lame. Pour pouvoir apprécier à sa juste valeur l'innovation technique que nous apportâmes au sabre, il faut avoir quelques notions en matière de forgerie. Avant l'arrivée du katana, un sabre pouvait être fabriqué à partir de deux matériaux différents; soit du métal dur ou encore du métal mou. Ces deux métaux possédaient chacun leurs caractéristiques propres. Un sabre d'acier dur est très tranchant mais peut se briser facilement alors qu'un autre, en acier doux, est plus flexible (...) donc moins cassant, mais s'émousse par contre plus vite . Nos forgerons réussirent à combiner ces deux métaux ainsi que leur force respective à l'intérieur d'une seule arme: le katana. Une telle technique requérait une spécialisation sans égale. Le temps de fabrication durait de plusieurs mois à deux ans et était émaillé, du début à la fin, de rites de purification et de cérémonies diverses d'inspiration shintô: ainsi la lame serait dotée d'une force en partie puisée à la source des Dieux . Ensuite, cette lame qui, disait-on, possédait une vie propre, était fixée à une garde méticuleusement balancée afin que le poids soit parfaitement réparti dans toute l'arme. Un maître artisan ne confectionnait jamais plus de 20 à 30 sabres au cours de sa vie, brisant toutes celles qu'il jugeait d'une qualité insuffisante.

Une fois sa confection terminée, venait le temps d'éprouver la qualité de la lame. Encore une fois, les tests de lames se déroulaient selon des rites particuliers. Le plus clair du temps, les lames étaient testées sur des bottes de pailles de riz tressées et mouillées, des plaques métalliques ou encore des vieux casques. Il arrivait même que ses lames soient testées sur des cadavres ou encore des condamnés à mort. Le déroulement habituel consistait à empiler une série de corps les uns sur les autres et de tenter d'en trancher le plus grand nombre d'une seule frappe. Ces tests étaient habituellement effectués par de grands maîtres. Après que l'arme ait prouvé sa valeur, elle pouvait enfin être confié aux mains expertes d'un samouraï. Il n'y avait pas d'arme plus prisée par la classe guerrière que le sabre, il devint même un des trois attributs impériaux, emblème de l'Empire du soleil levant. Le sabre japonais était l'évolution ultime de l'arme blanche, la possession la plus importante d'un samouraï, considérée comme l'âme même de celui-ci. Sans sabre, le samouraï n'avait plus d'honneur et sans honneur, le samouraï n'était plus rien.
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© Nicolas Mucci 2002 [ Haut ]